jeudi 15 février 2018

Baie de Sainte Anne en Martinique

Bonjour à tous. Le Fetia est en Martinique, mouillé en baie de Sainte Anne, près du Marin, depuis plusieurs jours. Je n'ai pas eu de connexion internet à proximité du voilier, d'où mon long silence. Rassurez-vous, tout va bien.


Traversée de 23 jours comme annoncé avant le départ. Pus précis que le TGV. Nous avons suivi une route assez sud, plus sud que l'orthodromie (héhé, demandez à un marin de vous expliquer ce que c'est ce truc). Nous avons traversé un océan presque couvert d'algues. Ces sargasses à perte de vue sont parait-il un phénomène nouveau. Les prêtres, religieux et théologiens me diront certainement que ça n'a aucun rapport et que ce n'est pas conforme à une bonne lecture de l'Apocalypse; il n'empêche que je ne peux pas m’empêcher de penser à la mer rouge comme du sang... Impossible de pêcher; la ligne se remplissait en quelques minutes d'une chevelure lourde. Chose curieuse, nous n'avons aperçu aucun cétacé, ni baleine, ni globi, ni dauphin. De même, aucune coryphène le long du bateau, ces beaux poissons arc en ciel qui accompagnent toujours les voiliers sous les tropiques. Là, rien, pas un poisson. Comme si la mer était morte. C'était tout de même un peu angoissant. Notre voilier sans quille et sans appendices passait sur les algues, mais ce n'était pas le cas des quillards rencontrés sous ces latitudes. Certains devait mettre en panne et passer plusieurs minutes à sortir les paquets d'algues des safrans. Sinon, le voilier s'est très bien comporté. Rien de cassé, confort plutôt correct dans une mer souvent grosse et croisée. Nous avons beaucoup barré, par manque d'énergie, ce qui à occupé nos longues journées. Nuits sous pilote à l'abri du très utile détecteur de radar.
Depuis notre arrivée, nous préparons le cata pour la suite du voyage. Nouveau génois, (celui d'origine étant délaminé et hors d'usage), embase du pilote encore renforcée au moyen de plaques d'inox, éolienne, batteries dédiées au pilote et autre petites améliorations que cette longue virée océanique ont fait apparaitre: une vanne par ci, un point de polyuréthane par là, un boulon bloqué au frein filet ici...
Nous sommes très agréablement surpris par l'accueil des martiniquais, souriants et détendus. L'île est belle, les gens sympas; on y resterait!
Et la messe ici, c'est quelque chose. Avis au commun des européens habitué à une petite heure vite fait: ici, la grand messe dominicale commence à 9 h et s'achève vers 11h30. Et croyez moi, on ne voit pas le temps passer. On prie, on chante (oui oui, même moi qui ne suis pas trop chanteur), on danse même un peu. Il y a une bénédiction pour les anniversaires de mariage, les anniversaires tout court, les nouveaux arrivés, les malades. Puis un pot à la sortie. C'est une communauté chrétienne extrêmement vivante, pleine de jeunes, souriante, gaie, belle, Alleluia!
ND de Rocamadour est visitée par des amis marins qui reçoivent leur sportelle (médaille de Rocamadour), mais reste à bord pour le moment, dans l'attente d'une autorisation officielle de monseigneur Macaire pour débarquer. C'est un peu procédurier, mais nous avons bon espoir. A suivre
Je rappelle aux lecteurs qui ne sont pas adhérents à l'association les voiles de l'Immaculée, que ce geste est important et permet à Marie d'avancer et à l'équipage de son bateau de manger à peu près à sa faim.

2 commentaires:

  1. Une Transat,voila un truc titannesque! Respesct a Régis et Edgard et meme Bernadette. Ils ont vécu la préparation du voyage,du bateau,les aléas,la pression,rien que ça j imagine a peine ce que ca peut etre. J ai rencontré Régis sur St Jacques en 2001,il m a fait partager 2 fois son bord depuis, c était 15 ans ago. Je le croyais rangé des coques depuis son installation en Auvergne, c'était mal percevoir l impact de la Mer sur le bonhomme.
    Il me propose en aout dernier de l accompagner sur la Transat a venir,minuscule partie du "chantier" qui l attend. Ma décision sera longue a prendre,toutes les excuses me semblent permises ,la seule vraie que je ne peux accepter c est la peur et puis surtout la certitude de regretter toute ma vie si je refusais. L amitié,la valeur de leur aventure pere-fils,le défi de me remettre a l épreuve apres des années de ramollissage l emportent.
    Seulement une fois en mer faut assumer,crise d angoisse terrible le 4em jour, 48 heurs de creux de creux de 4 metres,nuits blanches la 1ere semaine me vaporisent les nerfs. Au matin du 8eme c est la lumiere qui m envahit,j entre dans la mécanique limpide de la Foi. Une phrase de Régis symbolise cette prise de conscience " Il est hors de question que je me mette a flipper,si je commence a flipper je vend le bateau tout de suite". Je comprend que j ai trouvé la théorie de la Foi et que lui la pratique pleinement au jour le jour.
    La mer m a corrigé sans que je sache que j en avais besoin, j étais dans la voie égarée du terrien moderne qui ignore son égarement. Ces longues journéee en mer apparement anodines,ces longues nuits en proie a toutes les sortes de sentiments,voilà le trésor d une Transat.
    Sans oubier Marie qui veille au grain et distille son initiation au membre de l équipage, équipage que je remercie et salue.
    Gaétan

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